Patrimoine scientifique de l'IHES
L’IHES s’inspire explicitement du modèle de Institute for Advanced Study (IAS), fondé en 1933. L'IHES en reprend les grandes lignes intellectuelles – un institut de haut niveau offrant toute liberté à quelques chercheurs – ainsi que certaines pratiques matérielles, comme le thé quotidien, propice aux échanges. Dans la défense du modèle qu’il souhaite créer, Léon Motchane insiste sur l’aspect européen de l’Institut, qui se crée au moment même de la création de la communauté européenne (CEE).
Lorsque l’Institut est créé en 1958, il ne possède pas de locaux. Les premiers séminaires ont lieu dans deux pièces, prêtées au sein de la Fondation Thiers (Paris XVIe). Si cela n’empêche pas le développement de la section de mathématiques, les physiciens sont quant à eux préoccupés par l’installation définitive de l’Institut. Lors d’une réunion avec des physiciens renommés soutenant le projet de Léon Motchane, ils formulent leur souhait : l’Institut doit s’installer à côté d’un centre de physique expérimental. Même si la physique qui se fait à l’IHES est théorique, elle ne peut se couper de la physique expérimentale. Ils proposent alors de s’installer à proximité des laboratoires modernes qui viennent d’être construits à Orsay, où une antenne de la faculté des sciences de Paris s’installe à la fin des années 50. Léon Motchane achète la propriété « Bois-Marie » de Charles Comar à Bures-sur-Yvette et l’IHES s’y installe en 1962.
Malgré quelques réticences universitaires au moment de sa création, l’IHES crée des liens avec ses voisins, physiciens et mathématiciens, et accueille notamment des directeurs de recherche du Centre Nationale de la Recherche Scientifique (CNRS) et du Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA). Depuis la création de l’université Paris-Saclay en 2015, l’IHES en est membre fondateur et participe à l’animation de la vie mathématique (Fondation Mathématiques Jacques Hadamard, accueil en délégation de professeurs de mathématiques d’Orsay).
"Since my arrival at the IHES in January, I have learned more from conversations with Deligne than from talking with anyone else. Just today, for example, it was much more efficient for me to take the train from Paris to Bures in order to discuss a certain question with Deligne than it would have been for me to stay at my desk in Paris thinking about it ; as I had expected, Deligne had the techniques at his fingertips with which to give me a complete answer"
John Tate à Léon Motchane, 15 mars 1968, interrogé sur l'opportunité de recruter Deligne à l'IHES.