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Quel lieu pour les mathématiques et la physique théorique ?

Organisation de l'espace

Patrimoine scientifique de l'IHES

Maison de maître du Bois-Marie (S. et O.). Carte postale des années 1920.

La "magie du Bois-Marie"

D'après une lettre de Christopher Zeeman, 1968

Maison du gardien et cafétéria. cop. R. Bouillot, 1964
Aile Nord du bâtiment scientifique, cop. CECM 1964
Scientifiques se rendant au bâtiment administratif, cop. R. Bouillot - CSF, 1964.
Pavillon de musique vu depuis le parc, cop. IHES
Pavillon de musique vu depuis le bâtiment scientifique, cop. IHES

Pourquoi les mathématiciens ont besoin de laboratoires ?

Si les physiciens ont l’habitude d’exercer dans un laboratoire, il n’en est pas de même des mathématiciens qui, traditionnellement, travaillent chez eux, et se rencontrent à l’occasion de séminaires, qui se développent en grand nombre après la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’aux années 60, la section mathématique du Centre Nationale de la Recherche Scientifique (CNRS) réclame des crédits pour fournir ses bibliothèques et du personnel de secrétariat, et la création d’un centre de conférences de mathématiques. Néanmoins, l’intérêt d’un lieu où se retrouver pour échanger et discuter et la possibilité d’avoir des bureaux fait son chemin. Dans les années où l’IHES se développe, on assiste ainsi à la création du centre de mathématiques de l’École polytechnique par Laurent Schwartz en 1965 et du premier laboratoire de mathématiques associé au CNRS à Strasbourg en 1966 ; des initiatives qui seront suivies de beaucoup d’autres.

Les lieux de rencontre de l'IHES

Depuis sa création l’IHES favorise les discussions spontanées entre chercheurs. Le midi à la cafétéria, les conversations s’accompagnent de notes esquissées sur de petits papiers voire gribouillées sur les nappes en papier. Lors du thé ou à la croisée d’un couloir, c’est autour du tableau et une craie à la main que se poursuivent les échanges.
Déjeuner à la cafétéria dans les années 1980, Droits réservés Discussion scientifique entre Hugo Duminil-Copin et un élève

« J’ai aussi parlé avec Mlle Rolland de la question des bureaux pour nos invités mathématiciens, et pour moi-même. Je comprends bien qu’en période transitoire comme celle que traverse l’IHES, avec des locaux encore insuffisants, il ne sera pas possible d’assurer à chacun, même aux professeurs permanents, un bureau personnel au Bois-Marie. Pour ma part, je suis tout prêt à partager un bureau avec un et même s’il le faut deux de nos invités qui trouveraient commode de disposer d’un lieu de discussion hors de leur domicile. Si j’ai bien compris les explications de Mlle Rolland, elle semblait trouver problématique que même un tel arrangement puisse être maintenu à un moment où il y aurait des physiciens en nombre à Bures, jugeant que la totalité des bureaux disponibles devait normalement être réservée aux physiciens, les mathématiciens selon elle n’ayant guère l’habitude des discussions à plusieurs hors du domicile. S’il en était ainsi, je ne verrai pas l’intérêt de réunir un certain nombre de mathématiciens à Bures, au lieu de les laisser disséminés aux quatre coins de Paris comme par le passé. »

Lettre d'Alexander Grothendieck à Léon Motchane, 4 août 1962.