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La création de l'IHES

La vision de Léon Motchane

Patrimoine scientifique de l'IHES

Qui est Léon Motchane ?

Buste de Léon Motchane par R. Risanek, cop. IHES, 1998

Léon Motchane est né en 1900 à Saint Pétersbourg. Il étudie à Lausanne et y est pendant une année assistant de physique. S'il quitte le monde universitaire pour celui des affaires, il ne cesse jamais de s'intéresser aux mathématiques, à la physique et à la sociologie. Pendant la guerre, il participe aux Éditions de Minuit et y publie deux essais dont La Pensée patiente en 1943, sous le pseudonyme de Thimerais. Sa passion pour les mathématiques le conduit à soutenir une thèse à l'âge de 54 ans et à penser la création de l'Institut.

Assemblée générale de fondation, 27 juin 1958

Compte-rendu de l'assemblée générale de fondation, cop. IHES, 1958

Avec Maurice Ponte, président de la Compagnie générale de télégraphie sans fil (CSF), Pierre Dreyfus et Fernand Picard (respectivement président directeur général et ingénieur de la Régie Renault), Léon Motchane trouve les premiers subsides nécessaires à la création de son institut. Ces premiers soutiens, très actifs, lui permettent de rallier d'autres patrons de grandes industries (notamment pétrolières et automobiles) très rapidement.
Dans le bureau de Joseph Pérès, alors doyen de la faculté d'Orsay et premier président de l'IHES, le 27 juin 1958, Léon Motchane, à qui l'on doit l'essentiel du travail préliminaire, déclare vouloir "arrêter l'hémorragie française vers les États-Unis" : l'Institut est né et il en devient le premier directeur.

Extrait des statuts de l'association "Institut des Hautes Etudes Scientifiques", 1958

La recherche fondamentale

Léon Motchane est convaincu de deux choses : la recherche fondamentale doit être soutenue par les grands industriels, et les chercheurs doivent avoir toute liberté dans leurs choix. Ces deux aspects sont la clé de voûte de l'Institut.

"La recherche scientifique n'est pas un phénomène spontané de la nature qui fleurit dans les universités, mais une activité dont il faut s'occuper, qui se laisse cultiver et qui apporte au pays qui en est pourvu abondamment un surcroît considérable de prestige et de puissance politique"
"Le véritable aspect moderne de la recherche scientifique consiste dans le fait que le travail d'un industriel, d'un ingénieur, comme celui d'un physicien théoricien et mathématicien, fût-ce le plus abstrait, ne sont pas aussi éloignés les uns des autres et la réussite de ces derniers devient indispensable aux premiers".

Extraits de la "Note sur la recherche fondamentale", Léon Motchane, 1959.

"L'importance des sciences exactes est aujourd'hui la vérité au monde la mieux partagée. Mais depuis les écrits de Henri Poincaré, même les mathématiciens savent que ce progrès n'est possible ou fécond que si la recherche abstraite très générale et désintéressée se poursuit inlassablement. Il est douteux que les qualités intellectuelles seules suffisent pour réussir dans cette voie. Il me semble qu'il faut beaucoup de courage et de caractère et pas mal d'abnégation pour consacrer des années de labeur à la poursuite d'un but auquel on n'accèdera peut-être pas. Quelle meilleure preuve d'idéalisme peut-on donner aux autres et à soi-même ?"

Extrait d'une lettre de Gabrielle Reinach à Joseph Pérès, 23/06/1958
Gabrielle Reinach est la première donatrice à l'IHES.